ANALYSIS MENTOR
Guy Moreno
« Une Vision Clinique du monde des Humains et de L’entreprise »
Chapitre 1- CONNAIS-TOI TOI-MÊME - Depuis SOCRATE...

​Le monde moderne et/ou contemporain dans lequel nous baignons, prolongement de celui qui depuis la nuit des temps , selon la mythologie, voulait qu’il était  dessiné, conduit, gouverné,  imprimé par un  DIEU (sachant qu’il était induit que tout évènement heureux ou malheureux survenant ou advenant était de sa responsabilité), continue de nous interpeler et de nous « laisser emmuré » dans notre vacuité spirituelle et immaturité affective à le maîtriser et/ou le comprendre.

Quelle que soit notre évolution, notre conduite reste, même si nous avons progressé et avancé dans notre noviciat (et/ou) parcours initiatique, encore profondément influencée par notre histoire de l’humanité qui veut que durant des siècles vérités et règles de conduite étaient dictées par des textes sacrés.

De tout temps l’HOMME est inscrit dans une quête du GRAAL, qui est diverse ou plurielle : recherche de la Vérité Universelle, Conquête du Bonheur, du Bien-Être, Réalisation de SOI, Sérénité, Se Connaître mieux, Être dans l’Equilibre, l’Epanouissement  de sa Personne etc.  Aux Ve et Vie siècles avant J.-C. autant en Orient qu’en Occident de grands esprits incitaient les hommes à maîtriser leur pensée et leur activité  et à ne plus être motivés par les seules croyances religieuses…depuis les années 60/70 , des courants de pensée philosophique, confessionnel, spirituel se sont développés exportés de Katmandou (Népal), du Tibet /Dalaï Lama, bouddhisme,  yogi, islam  et autre comme les pèlerins du « Chemin de Compostelle »… Il est vrai que  les Anciens vivaient dans la temps et avec lui, alors que la vie moderne, l’évolution et révolution des mœurs, le progrès social et technique et technologique , le consumérisme a changé profondément notre rapport au temps : au point que nous nous inscrivons dans le tout «  tout de suite », dans l’impatience d’avoir… dans le court terme, l’immédiateté avec le sentiment  de perte et d’immaîtrise du temps qui s’écoule et aller dans une course vaine vers le temps d’après.

Ainsi,  si l’injonction de Socrate se justifiait en son temps parce que dépendant à la croyance de la puissance divine et sacrée, l’incitation à s’interroger sur soi-même, sur son intériorité pour mieux être  s’impose à notre époque moderne. C’est d’autant plus vrai que fleurit çà et là,  grâce aux écrivains, philosophes, sociologues, psychanalystes, journalistes, gourous de sensibilité philosophique et spirituelle diverses, coaches experts en développement personnel,  cinéastes divers, des livres, des conférences, des rencontres, des articles, des documents sur ces thèmes de la connaissance et maîtrise de soi, de l’épanouissement personnel et professionnel, de la quête du bonheur, du besoin d’équilibrer vie personnelle et professionnelle,  enfin tout ce qui concourt à une meilleure quête de  « QUI SUIS-JE ? ».

On vit « encore çà et là des fanatismes et radicalismes religieux », et il est à observer et constater que la Science et la ou les Technologies développées négligent encore quelque peu la réflexion sur la condition humaine.

Sur le fronton du  temple de DELPHES consacré à Apollon, était inscrit »Connais-toi toi-même, laisse le monde aux Dieux ». Cette formule signifiait qu’il fallait penser à se connaître mais que tout était plus ou moins décidé par les Dieux… et si les prêtres consultés conseillaient à leurs fidèles de satisfaire ceux-ci, Socrate, lui, ne retint que « Connais-toi toi-même »  et fut considéré comme contestataire. Pour lui  « connais-toi toi-même » voulait dire atteindre la connaissance  et maîtrise de soi en s’affranchissant des spéculations idéologiques et explications théoriques. Il  vivait avec le sentiment profond de la complexité de l’Homme. Et il fut reconnu comme le « PERE » de la philosophie et le « FONDATEUR » de la science morale, et l’on peut ajouter sans conteste qu’il est le fondateur des Sciences Humaines.

Pour Socrate la connaissance de soi éclaire tout homme sur ce qu’il est et ce qu’il peut : sur ce qui est de son droit à.. Mais aussi de son devoir de… : elle le sauve des illusions funestes qu’il a et/ou qu’il se fait sur lui-même. « N’est-il pas évident, cher Xénophon, dit Socrate, que les hommes ne sont jamais plus heureux que lorsqu’ils se connaissent, ni plus malheureux que lorsqu’ils se trompent sur leur propre compte », ce qui est vrai : car  il est évident que ceux qui se connaissent, savent ce dont ils sont capables et leur propre limite, s’abstenant de faire ce qu’ils ne savent pas, mais chercher à apprendre et acquérir leur manque pour satisfaire évitant ainsi erreurs et fautes, alors que ceux qui ne se connaissent pas et se trompent sur eux-mêmes sont dans la même ignorance non seulement par rapport aux autres hommes mais aux choses humaines en général.

Donc la connaissance de soi,  qui est  et devrait être prise comme une science première, veut dire ; renonce à chercher hors de Toi, apprends par des moyens extérieurs ce que tu es réellement et ce qu’il te convient de faire ; reviens à toi, moins pour te complaire en tes opinions, mais pour découvrir en toi ce qu’il y a de constant et qui appartient à la nature humaine en général. Conception  d’une extrême importance car elle proclame qu’en tout esprit humain existe la science qui intéresse l’Homme et qui n’a besoin que d’être extraite.. De même se connaître, c’est aussi prendre conscience de soi et bien entendu de son ignorance. Socrate déclarait « je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien »…Il ne niait pas l’existence de la vérité. La vérité existe même s’il ne la connaît pas. La Pythie aurait déclaré « est le plus savant celui qui, comme Socrate, sait que son savoir est en fin de compte nul ». Socrate découvrit qu’il avait une science, celle de son ignorance. Aussi il vénérait les dieux  tout en avouant son ignorance à leur égard, ce qui prouve moins son scepticisme que son désir de vérité. Platon appellera « double ignorance » le fait de ne pas savoir et de vivre dans l’illusion de son savoir, soit ne pas avoir conscience de son ignorance.

Et la « double ignorance » est grave et malfaisante, si elle est le fait de personnes importantes. "Non seulement tu ignores les choses les plus importantes, mais tu crois les savoir » disait d’après Platon, Socrate à Alcibiade.

Socrate n’a jamais voulu dire « analyse-toi avec complaisance ». La connaissance de soi n’implique pas le repliement ou regard narcissique  et auto satisfait sur soi, plaisir que prennent les auteurs d’autobiographies intimes, mais signifie « connais le meilleur de toi, vois ce que  tu aspires à être, ce que tu es virtuellement, ce qui est ton modèle : sois un homme, connais tes propres excès ». Ce n’est pas une introspection narcissique et égoïste : c’est un programme de vie morale.

En effet il y a aussi un objectif moral dans la connaissance de soi, car ce n’est pas une spéculation théorique, simple savoir, elle a des applications. Chaque Homme doit se découvrir lui-même, prendre conscience de se idées, de ses capacité, pour ensuite faire l’examen critique et voir si sa pensée s’ accorde ou pas avec son action et inversement. Selon Aristote la démarche prioritaire de Socrate fut de définir les vertus, d’en saisir l’universel et à partir de là de rendre les hommes vertueux.

Il est aussi important de savoir que la vertu est une condition nécessaire, et qu’il nous faut connaître le bien et le mal avec discernement. Lorsque l’on succombe au mal c’est souvent parce qu’on ne le connaît pas ou que l’on n’a pas suffisamment distingué en quoi c’est mal, sinon pourquoi et comment pourrait-on le désirer puisqu’il rend malheureux et nous verser dans l’iconfort et l’impasse ? Si la vertu n’est pas toujours accompagnée et/ou synonyme de bonheur et de bien-être, il est par contre évident que le mal, le vice qui si souvent satisfont nos désirs de jouissance, entraînent peu ou prou le malheur.

Une des grandeurs de la pensée de Socrate fut de ne pas accepter l’opposition du bonheur et de la vertu ; pour les accorder, il fit référence aux maximes de la sagesse qui identifiaient la bonne action avec les satisfactions ou les avantages qu’elle procure. Pour lui le bonheur complet est obtenu par la vertu, et ce principe a paru indiscutable à toutes les morales. Sachant que la discussion ne peut porter que sur les moyens d’atteindre cette fin par une volonté déterminée.

Socrate, par sa démarche au procédé inductif  et moraliste poussait les hommes à se découvrir, en les interpelant, les questionnant, les interrogeant sur  l’opinion qu’ils ont et/ou qu’ils avaient d’eux-mêmes… sur ce qu’ils croient être pour les conduire à découvrir ce qu’ils sont, et dénoncer leur fausse sécurité. Il procédait de la même façon pour ce qui est l’administration et gestion de la cité. Pousser loin l’Homme, investiguant par le dialogue pour faire émerger la « face cachée » de nos certitudes vraies ou fausses et pour une vérité plus universelle. On ne lui pardonna pas son action réformatrice, l’accusant d’introduire la critique dans l’esprit de ses contemporains, de mépriser la religion d’état, de faire appel à un autre Dieu : « LA RAISON »… et de corrompre la jeunesse. Son attitude et son plaidoyer à son procès firent figure de provocation. IL déclara entendre une voix intérieure. Son « démon » a suscité dès l’Antiquité une littérature.  IL s’immola afin de dénoncer plus efficacement par sa mort, l’injustice de la cité. Il accepta  avec lucidité la condamnation du Tribunal Démocratique d’Athènes et but le poison ; la ciguë (en 399). Avant de boire il fit l’éloge de la mort qui délivre l’âme.

Platon, disciple de Socrate, donna à ce suicide forcé une dimension légendaire et déclara « on a tué l’homme le plus juste et le plus sage de notre temps ». Disciple fidèle il inscrivit dans Phèdre : » il est risible de ’occuper d’autre chose quand on s’ignore soi-même » »il ne mène pas la vie d’homme qui ne s’interroge sur lui-même » Apol.1,28). D’après Cicéron « Socrate le premier a fait descendre la philosophie du ciel sur terre, l’introduisit non seulement  dans les villes. Mais jusque dans les maisons, et l’amena à régler la vie, les mœurs, les biens et les maux.

C’était très audacieux au VI ème siècle avant J.-C., et ce que l’on peut constater c’est que ce courant philosophique a dépassé les frontières de la GRECE antique  à cette même période on retrouve des pensées similaires telles que en Orient,  le Bouddhisme en Inde, le Taoïsme et Confucianisme en Chine.

En Occident, à la différence de l’Orient, les grandes Idées grecques inspirèrent des œuvres qui  se penchent au plus près de la vérité sur Dieu, sur le monde, sur les hommes. Les Monothéismes ont suscité les fanatismes

 A Athènes des philosophes (Socrate, Platon, Aristote) des tragédiens, des artistes, des historiens, des savants (Démocrite, père de l’Atome,  Hippocrate, père de la médecine). Plusieurs doctrines philosophiques eurent en commun, malgré des divergences, d’inciter les hommes à maîtriser leur corps par concentration de la pensée, tels que les Cyniques parfois grossiers et agressifs « homo homini lupus », l’Epicurisme pensant à devoir éviter la souffrance et vivre le plaisir comme un bien suprême, le stoïcisme qui développe résignation et modestie etc. Puis la pensée chrétienne prit le relais de la philosophie grecque.

La conception stoïcienne de la sagesse ressurgit avec Montaigne, et Descartes et a survécu jusqu’à nos jours. Le Polythéisme régressa.

Le Judéo-Christianisme se développa, attribuant un rôle capital à l’examen de conscience ce qui allait dans la prescription de Socrate. Il introduisait la notion de personne et pensait l’homme libre, autonome, indépendant, responsable de lui-même et lui attribuait une égalité de statut et de salut. Jésus Christ a dit « le royaume de Dieu est au-dedans de de vous », Paul, l’Apôtre dans son épitre aux Ephésiens « définit l’homme comme un homme intérieur qui s’appréhende lui-même ». La pensée chrétienne prit le relais de la philosophie grecque.

Au XVe et XVIe siècle, les humanistes valorisèrent la personne humaine ; ainsi la connaissance de soi fit de l’homme un être libre, maître de son royaume…Au XVIIe la philosophie et la science  devaient se situer par rapport à la religion ce qui explique les comportements réservés de Galilée, Descartes, Pascal, Spinoza… R. Descartes (1596-1650) présente dans sa « Méditation Troisième » une méthode de concentration : « je fermerai maintenant les yeux, je boucherai mes oreilles, je détournerai tous mes sens, j’effacerai même de ma pensée toutes les images des choses corporelles… Ainsi m’entretenant seulement moi-même et considérant mon intérieur, je chercherai de me rendre peu à peu plus connu et plus familier à moi-même». Dans le « je pense donc je suis », il y a2 choses. L’homme a le droit de penser par lui-même sans être influencé ; et l’Homme « est » parce qu’il pense (cogito ergo sum).Donc selon lui, l’homme encore grâce à la connaissance de lui-même devient son propre médecin ; ce qui est quelque peu vrai car la volonté, la confiance, le moral interviennent dans toutes les maladies surtout dans les légers troubles mentaux. Il y a dans l’observation de soi-même l’avantage de connaître ce qui convient à son état physique et mental et ce qui au contraire lui est nuisible.

Aujourd’hui l’esprit n’est plus sous influence des dieux mythologiques, ni paralysé par une stricte obéissance aux règles de l’écriture sainte. Il est absorbé par l’irrationalité qui persiste toujours, et surtout par la spéculation scientifique et par la technologie professionnelle. Les sciences étendent de plus en plus le champ du savoir et la conscience de notre ignorance croît sans cesse., car chaque découverte fait apparaître d’autres inconnues. L’environnement social pénètre notre corps et notre esprit ; le « SOI » est parfois négligé.

De fait, aspirer à la recherche de la vérité, au perfectionnement spirituel conduit tout naturellement à aller vers le « connais-toi toi-même ». Cela sous-entend clairement que nous ne nous connaissons pas réellement et que nous devons intrinsèquement chercher au fond de nous-même, plonger et descendre dans notre « internité » pour trouver qui nous sommes.

 Bien sûr, nous prétendons, nous pensons, nous croyons savoir ou avoir la connaissance de notre ëtre, de notre corps, de notre esprit, nous trompons-nous ? Oui bien sûr…. Si c’était aussi vrai que cela , ça se saurait,  et nous serions déjà des Sages…

Si l’on  revient donc à Socrate qui fut l’initiateur et l’incitateur de cette démarche philosophique de quête de sagesse il est à retenir qu’elle est un formidable moteur pour nous faire avancer à chercher plus loin comment nous améliorer et comment améliorer l’Autre…..(Guy Moreno – Clinicien d’Entreprise).

Catégorie : Reflexion édité le 23 Feb 2015 à 15h07.
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