ANALYSIS MENTOR
Guy Moreno
« Une Vision Clinique du monde des Humains et de L’entreprise »
DES SOCIETES SANS AUTORITE OU COMMENT ET POURQUOI L'AUTORITE ET SON IMAGE INSTITUTIONNELLE SE SONT AFFAISSÉES..

DES SOCIETES SANS AUTORITE OU COMMENT ET POURQUOI L'AUTORITE ET SON IMAGE INSTITUTIONNELLE SE SONT AFFAISSÉES....
(Jean- Claude Ruano-Borbalan-Mensuel-N°117 - Juin 2001)
Au regard de la foire d'empoigne sociale et/ou sociétal et de l'embrasement pathogénique produit qui s'est emparée de notre Pays lors des incidents ou accidents de type faits divers touchant vie privée d'élus politique de gauche NUPES, puis les mises en scène folkloriques et aberrantes de jeux du cirque avec violences verbales au sein de l'Assemblée Nationale, lieu sacré de la fondation Législative d'une Nation, puis les règlements de comptes politiques lamentables pitoyables dans cette enceinte prévue à de nobles combats de structuration sociétale d'un Pays, survenus ces derniers temps, le spectacle piteux qui en résulta m'a donné l'envie de réfléchir sur l'affaissement et l'usure que les Images de l'Autorité Institutionnelle Parentale et Politique ont subi depuis 5 décennies, si je m'en tiens à ma génération (né en 1939)...
Oui depuis que j'ai commencé et tiré le fil de mon chemin d'expérience personnelle, enfant, puis adolescent, puis adulte (25ans en Algérie Française), puis rapatrié en Métropole en 1962 où j'ai construit ma vie successivement cadre d'entreprise, puis Chef d'entreprise (60 années durant) et ma retraite (depuis 2010)... Mai 68, le premier choc pétrolier 73, les crises diverses industrielles sidérurgie, métallurgie, textile, BTP, Transport, l'Aérospatial, l'Aviation, les délocalisations, l'abolition du SM, les crises politiques et sociales et sociétales diverses, le mariage pour tous, la paternité dépouillée de ses valeurs au profit d'un Mère puissamment présente, la dépossession des valeurs d'éducation parentale déléguées à des structures sociales diverses, crèches, éducation nationale et autres, la déstructuration et/ou déconstruction de la famille.... tout ce qui produit ce déclin de l'AUTORITE NATURELLE, et qui nous rend déboussolés, déstabilisés, dépourvus des repères que nous cherchons désespérément dans des solutions factices au point de rêver désespérément à des solutions que nous croyons providentielles avec des Illusionnistes apprentis sorciers qu'ils soient pour l'un "BEAU GOSSE et JEUNE PUCEAU EGOTISTE ET NARCISSIQUE", et pour l'autre "VIEUX TRIBUN A LA RAMASSE qui se prend pour Socrate ou VULCAIN Agonisant, ou....ou.....
J'ai donc choisi de partager cette analyse qui suit et dont la rhétorique me paraissait judicieuse par le tableau brossé...
Depuis les années 60, une révolution de l'autorité a eu lieu. Les détenteurs de pouvoir ont perdu leur influence dans toutes les institutions de la société, église, état, école, famille. Au lieu de dire la règle, les institutions fixent désormais les cadres de la négociation. Le prêtre, le professeur, le père de famille, le représentant de l'Etat, mais aussi le dirigeant syndical ou politique et les membres des couches sociales privilégiées disposaient, jusque dans les années 60, d'un pouvoir légitime, d'une autorité liée à leur statut ou à leur fonction. En une trentaine d'années, ces figures de l'autorité ont perdu une bonne part de leurs capacités à imposer une conduite à leurs subordonnés. Cette transformation est liée à un bouleversement sans précédent de la société : augmentation du niveau de scolarisation, activité professionnelle massive des femmes dont le travail d'appoint disparaissait au profit d'une activité professionnelle permanente et à l'égale de l'homme, évènement de révolution sociale et sociétale mal di-) géré par l'INSTITUTION NATIONALE , accroissement de la consommation, transformation des emplois et des formes d'organisations, etc. Cette mutation de la société s'est accompagnée d'une révolution des mœurs que l'on peut caractériser, selon Yannick Lemel et Olivier Galland, par deux mots : « permissivité et individualisme » (1). De nombreux tabous sexuels ont disparu, les rapports hommes/ femmes se sont modifiées, on a enregistré la fin du très vieux ressentiment de classe, etc. La transformation de la société et des mœurs s'est accompagnée d'une forte contestation, dont mai 1968 est l'emblème, qui ne s'effectuait plus directement contre l'Etat ou le régime politique, mais plutôt contre l'ensemble des normes sociales et des institutions. Ce sont précisément cette contestation et ces mutations qui ont entraîné le déclin de l'autorité.
Pour Theodore Caplow, l'ensemble de ces changements doit être vu comme un moment d'accélération du processus d'égalisation des conditions sociales propres à toutes les sociétés modernes, dont Tocqueville, au XIXe siècle, avait déjà vu les prémisses (2). Il souligne qu'en moins de trois décennies, les conditions de travail, de loisir et la vie familiale ont été tellement bouleversées que « les appareils de contrôle social » ont dû se reconstruire sur de nouveaux principes. L'Eglise a perdu son emprise et s'est profondément transformée, pour devenir une association de communautés croyantes. L'Etat, l'école ou la famille conservent leur place essentielle, mais avec des fonctionnements et des normes modifiées. Les questions sont nombreuses. Quelles sont les conséquences de la grande transformation de l'autorité ? Conduit-elle à un accroissement de la démocratisation à tous les niveaux du fonctionnement social ? La contestation et la fin des autorités visibles ne cachent-elles pas au contraire de nouvelles dominations insidieuses et plus difficiles à désigner ? Comment les acteurs définissent-ils les normes de leur action dans le nouveau contexte ?


LE DECLIN DE L'AUTORITE RELIGIEUSE :
L'institution religieuse fut, durant de nombreux siècles, l'un des fondements de l'autorité dans les sociétés. Celles-ci se construisaient traditionnellement dans le cadre des Eglises, par une socialisation villageoise ou sociale forte. Les croyances et les pratiques étaient maîtrisées par des Eglises qui disposaient d'une légitimité et d'une autorité très claires. Comme l'a souligné Danièle Hervieu-Léger lors d'un entretien à Sciences Humaines, « la perte de contrôle de la construction des identités religieuses constitue le fait majeur des trente dernières années ». Ce phénomène, général en Europe mais également assez marqué en Amérique du Nord, vaut pour toutes les religions.
La France, par exemple, connaissait une déchristianisation urbaine depuis le début du siècle mais, jusque dans les années 60, 95 % des Français étaient baptisés et plus d'un tiers pratiquaient régulièrement. Le rôle éminent du clergé dans son magistère moral, reconnu par tous, demeurait grâce à de puissantes institutions sociales (l'action catholique sous ses différentes formes, la presse, l'école confessionnelle). C'est la lutte de la République et de son école aux XIXe et XXe siècles, mais surtout la fin de la paysannerie qui auront raison de l'institution de l'Eglise catholique et de son autorité. Henri Mendras estime que cette culture catholique s'est effondrée en raison de l'exode rural, de l'importance accrue des mass media et surtout de l'ébranlement intérieur de l'Eglise elle- même. « Depuis Vatican II (1965), la doctrine de l'Eglise a changé rapidement. Dieu est devenu amour. Le péché est une entrave au bonheur ; n'étant plus puni, il n'entraîne plus de culpabilité, le confessionnal est déserté ; au lieu de rejeter le bonheur dans l'autre monde, il devient licite, ici-bas et maintenant (3) . »
Dès lors, on a assisté à un reflux général des pratiques et des croyances. C'est en premier lieu la présence à la messe et le respect des préceptes moraux de l'Eglise qui se sont évanouis. Une grande majorité de Français se déclarent toujours catholiques, mais on a assisté à une baisse régulière des pratiques « festives » et rituelles. Le taux de baptême, qui dépassait 90 % en 1958, est aujourd'hui en deçà de 50 %. Le constat est le même pour les mariages à l'église. Depuis vingt ans, les catholiques pratiquants dominicaux sont passés d'une forte minorité (un tiers des Français dans l'après-guerre) à la marginalité, notamment pour les jeunes qui ne pratiquent plus du tout ou presque.
L'institution s'est trouvée déstabilisée. En même temps qu'au recul des pratiques religieuses, on a assisté à une crise massive de recrutement du clergé catholique en France, et plus largement dans les pays occidentaux. Le rapport des fidèles au curé s'est radicalement modifié. Désormais, l'immense majorité de la population ne côtoie jamais de curé. On comptait 14 prêtres pour 10 000 habitants au début du siècle, 7 pour 10 000 en 1965, et moins de 1 prêtre pour 10 000 habitants au début du XXIe siècle. L'Eglise en tant qu'appareil n'est ainsi plus une institution centrale. Le maillage de la société par des institutions catholiques s'est lui aussi effondré ou transformé.
Depuis une trentaine d'années, dans tous les pays occidentaux, la perte d'emprise des églises s'effectue principalement au profit d'une « religiosité diffuse » : croyances dans l'astrologie, la réincarnation, etc. La religion est de plus en plus ressentie comme un moyen d'épanouissement personnel, et son statut a évolué en fonction de la progression de l'individualisme, caractérisé dans la jeunesse comme une volonté d'indépendance personnelle et un souci de soi (4).
Cette « désinstitutionalisation » des Eglises et cette autonomisation des individus par rapport à l'autorité ne sont pas allées sans mouvements de réactions ou de réaffirmation religieuse. En effet, la transformation de l'autorité religieuse, si nette en Europe occidentale, l'est beaucoup moins si l'on se place à l'échelle mondiale pour l'ensemble des religions. Durant la précédente décennie, on a pu parler de « retour du religieux », en amalgamant souvent des phénomènes fort différents : intégrisme musulman, action médiatique de Jean-Pau lIl, émergence du traditionalisme catholique, émergence de nouveaux mouvements religieux syncrétiques, etc. Une part de la réaction s'est focalisée sur la nécessité de maintenir ou de renforcer l'autorité de la hiérarchie traditionnelle. En Occident, l'initiative religieuse est aujourd'hui plutôt du côté des individus, de leur demande, de leur quête et bien moins du côté de l'offre institutionnelle (5). Les acteurs refusent de plus en plus les systèmes établis, contraignants et constitués en dehors d'eux- mêmes. Dans de telles configurations, les institutions et les traditions religieuses ont du mal à trouver leur fonctionnement, et se disposent différemment selon leur histoire et leur doctrine.


L'ÉTAT SOURCE DE TOUTE AUTORITE :
L'Etat fut l'instrument privilégié de la rationalisation du pouvoir. Il s'est affirmé depuis le Moyen Age comme « l'autorité légitime », contre les anciennes légitimité coutumières ou religieuses. Son emprise n'a pas cessé de croître dans la société. Le XXe siècle, peu ou prou et quels que soient les pays du globe, est celui de la généralisation de l'intervention de l'Etat dans les sociétés. En atteste la création d'administrations nombreuses et l'intervention de plus en plus nette de l'Etat dans l'économie, les infrastructures, l'éducation, le social, etc. L'apogée de cette intervention peut se situer, en France, dans les années d'après-guerre, lorsque fut mise en place la Sécurité sociale, que s'est développée l'intervention dans le secteur industriel et que s'est accrue l'offre éducative.

A ce moment, l'Etat définissait les politiques publiques et orientait l'ensemble des règles et normes sociales, politiques et économiques. La France se caractérisait par exemple par une absence de concertation flagrante entre les représentants de l'Etat et ceux des salariés, des usagers ou de l'économie. Malgré l'instauration d'organes consultatifs nombreux, « seules les décisions et avis de l'administration prévalaient, et seules les discussions se réclamant de l'intérêt général supposé porté par l'Etat étaient considérées comme valides », soulignent Serge Paugam et François-Xavier Schweyer (6).
Un tel fonctionnement était parfaitement accepté par les acteurs sociaux, organismes professionnels, organisations syndicales ou associations, qui définissaient leur existence et leur comportement en référence à l'agenda et à la légitimité de l'Etat. L'autorité de l'Etat, de ses agents et représentants, était parfaitement claire et reconnue dans les années 50 et 60. On a assisté dès lors à un retrait symbolique et à une perte d'autorité de l'Etat en général, et de ses représentants en particulier. La mise en place d'une autonomie des universités après mai 1968, les lois de décentralisation de 1982, le retrait progressif de l'industrie dans les années 80-90, mais aussi la délégation à des associations ou ONG de pans entiers de l'intervention sociale constituent les jalons de cette transformation. Elle se caractérise plus par une fragmentation que par une perte réelle d'influence : on est passé en quelque sorte du gouvernement direct à une intervention plus indirecte, déléguant à des instances associatives ou locales l'intervention publique. La croyance en la toute- puissance de la régulation centrale, qui forme le cœur du mythe républicain français par exemple, s'est largement estompée. Dans cette transformation de l'intervention publique, la volonté de médiation, d'accompagnement des compromis de terrain s'est affirmée. On l'a vu notamment lors des affaires liées au port du voile islamique dans les écoles, où les grandes lois et règles laïques ont été laissées en retrait pour chercher des compromis acceptables, entre les acteurs eux-mêmes. C'est vrai aussi des interventions policières ou administratives dans les quartiers difficiles. Là sont apparus des agents d'ambiance, médiateurs de quartiers, relais de toutes sortes dans tous les rapports conflictuels, notamment lors des conflits sociaux, où la médiation, la compréhension et la négociation constituent désormais les maîtres mots. L'autorité de l'Etat ne passe plus par des manifestations du pouvoir et des démonstrations de sa puissance, mais par une intervention déléguée et régulatrice de plus en plus affirmée.


LA FIN DU PÈRE : ou LE SYMBOLE DE PATERNITÉ DÉNATURÉ
La famille est l'un des lieux les plus spectaculaires de la transformation de l'autorité. Elle était fondée jusqu'aux années 50 sur l'autorité incontestée du père, pilier de l'organisation familiale traditionnelle des sociétés indo-européennes. Mais la toute- puissance paternelle, celle qui donnait au paterfamilias romain le droit de vie et de mort sur sa maisonnée, est alors un souvenir bien lointain. L'Etat et l'Eglise se sont depuis longtemps immiscés dans la toute- puissance de la famille patriarcale. L'Eglise en fut le garant moral durant plus d'un millénaire, particulièrement depuis son emprise sur le mariage au Moyen Age. L'Etat, quant à lui, pris le contrôle au plan matériel et successoral à partir du XVIIe siècle et organisa progressivement une législation contraignante autour d'obligations éducatives et sanitaires. La Révolution française codifie par exemple des règles de successions obligatoires (le père ne peux plus déshériter ses enfants) et l'Etat peut déchoir un individu de sa puissance et de son autorité paternelles. Avec la fin d'une société rurale, et l'importance accrue de l'école dans l'acquisition des savoirs, « la fonction paternelle de transmission demeure, mais son objet change, souligne François de Singly, le père se recentre sur la transmission des valeurs... Ce qui signifie que les parents - le père comme la mère, et le plus souvent la mère sous le contrôle du père - savent ce qui est le « bien » immatériel de leur enfant (7) . » Il s'agit du modèle familial dominant des années 1920 à 1950, marqué par le souci de conformisme social, que l'école se charge de renforcer dans certains cas. Là encore, l'évolution se confirme dans les années 1945-1950 et s'accentue nettement dans les années 70. Jusqu'en 1960, le modèle bourgeois du paterfamilias s'effrite. Après cette date, il est ouvertement contesté et, en mai 1968, attaqué avec violence. Sa fin était proche puisque le « dernier paterfamilias est mort en 1970, date de la réforme sur l'autorité parentale qui abolit la puissance paternelle (        </div>
        <div id= Catégorie : Reflexion édité le 29 Nov 2022 à 18h02.

2013 - Analysis Mentor - Guy Moreno - contact - site développé par Gamezity Dev - Créer une entreprise